Depuis toujours, et jusqu'aux années 1930,
dans les campagnes, chaque famille cuisait son pain.
Dans beaucoup de villages, il y avait un
four communal. A Jouels, il y avait au moins 6 fours privés qui étaient prêtés aux
voisins, et chaque famille avait l'habitude de cuire le pain à celui situé le plus
proche de la maison.
Le four le plus courant était une
construction en pierre d'environ 6 mètres sur 3 mètres, une moitié étant
réservée au four lui-même, et l'autre moitié servant de salle pour amener le pain à
cuire, et le reposer quand il était cuit. Au dessus de cette salle, il y avait un étage,
appelé " sécadou ", composé dun plancher avec des littaux à
claire voie. On y répandait les châtaignes pour les faire sécher, une fois sèches, on
les appelait " los aïrols".
Pour chauffer le four, il fallait faire de
la "fournille", c'était des fagots confectionnés avec des buissons ou des
prunelliers sauvages. On trouvait cela dans les haies, et pour lier les fagots, les sabots
qui écrasaient les épines étaient très performants.
On cuisait le pain tous les 10 ou 15 jours.
Georges Fastré se souvient que la veille au retour de l'école, son travail était de
faire le tour du village à la recherche du levain, qui se trouvait chez le voisin qui
avait cuit du pain en dernier. Le levain est le reste de la pâte à pain qui avait
fermenté quelques jours, qui servait de levure. Il se conservait dans un torchon blanc,
posé dans un petit plat en terre dans la maie.
Dans la maie, on pétrissait de la farine
mélangée avec de l'eau, du sel et le levain.. Quand la pâte était levée, on la
découpait en parties égales, on la déposait sur un torchon, dans des paillasses. On
disposait les paillasses, environ une dizaine, sur une cartouille, un brancard composé de
2 longerons sur lesquels étaient clouées des planches. On les transportait jusqu'au
four, et on s'en servait également pour ramener le pain cuit.
Quand le four était chaud, à blanc, il
fallait environ 1 heure et demi, à l'aide d'un "raspet" en bois, on enlevait
les cendres et les charbons, et avec une pelle ronde en bois, munie d'un très long
manche, on envoyait la pâte dans le four, et en dernier venaient la fouace et le fars.
Certains nostalgiques du temps passé
regrettent ce pain, mais il faut bien souligner que s'il était très bon les premiers
jours, on se cassait les dents quand il avait 10 ou 15 jours, avec parfois un petit goût
de moisi. C'était aussi un travail fastidieux et pénible qui s'ajoutait à celui des
champs, du soin des bêtes, surtout aux périodes de la fenaison, de la moisson, et
autres.
Il existe encore à Jouels 2 fours en
parfait état, celui de la famille Dalmières et celui de la famille Fastré. |